Farrago

S’il est une chose que le Quatuor Diotima aime, c’est la mise en perspective : de la création et du répertoire, des périodes et des compositeurs. Il flotte ainsi sur ce concert comme un entêtant parfum proustien.

Ravel, dans sa relation si spécifique avec le passé musical, sert comme modèle à Proust pour sa fameuse Sonate de Vinteuil. Son Quatuor à cordes en fa majeur (1904) témoigne d’une aspiration à la forme et de ses penchants pour une écriture plus modale, avec forces tritons et gammes par tons…
Un siècle plus tard, Proust obsède les compositeurs — comment ne pas entendre un écho de La recherche du temps perdu dans la « mélodie très simple, qui incarne les “voix distantes”, cachée dans l’arrière plan » de Distant Voices (2013) du grand compositeur japonais Toshio Hosokawa. Quant à Gérard Pesson et son Farrago (2013), la référence à Marcel Proust est totalement assumée. « La musique dans Farrago est faite d’un ensemble de micro-mondes pris dans une incessante circulation, chaque élément reparaissant déformé par l’autre, chaque sonorité glissant vers la suivante, de sorte que tout objet musical se trouve chaque fois profilé, façonné par son propre retour. »